Les psychiatres
Je tombe souvent dans une admiration plus ou moins ironique quand on commence à me louer les psychiatres, a fortiori ceux de l'école freudienne (ces théories à peine bonnes à soigner les conversions hystériques, et encore...). Pour leur écoute, pour leur vaste champ de connaissances, pour leur humanité...
L'écoute du psychiatre de ville se résume bien souvent à somnoler pendant que son patient lui narre ses angoisses, son dernier raptus anxieux au cours duquel il a bien failli se foutre en l'air... puis se réveiller à la toute fin de l'exposé pour demander au pigeon ce qu'il pense de tout cela (entre 6 et 10 fois par consultation), le tout pour encaisser un chèque de 30 à 50 Euros et fixer un nouveau rendez-vous dans la quinzaine, qui tournera pareillement.
En milieu hospitalier, la chose est un peu différente, puisque le psy ne garde sa doucereuse candeur que devant les visiteurs sains, souvent la famille du patient contre laquelle il passe son temps à monter ce dernier en entretien seul à seul (avec des "squelettes dans les armoires" croustillants qu'il aime arracher à ses victimes mentalement affaiblies par la chape neuroleptique), quand du moins il daigne lui adresser la parole. Car dans bien des CHS, on ne voit Môssieur ou Madame qu'à la visite hebdomadaire, où il passe deux minutes par cas. Bon à diagnostiquer des schizophrénies débutantes là où le vulgaire généraliste (ou cardiologue ou chirurgien...) ne sait que reconnaître un pêtage de plombs sur surmenage, voire les effets secondaires des psychotropes ("Mais non, j'ai jamais vu de tremblements ou de dépression sous neuroleptiques ni d'amnésie sous benzos, c'est votre maladie qui fait ça, c'est dans votre tête"). En revanche, ce jour-là, même le dépressif mélancolique délirant doit se raser nickel et tous les lits doivent être faits, ce que le plus puant des endicronologues n'exigerait même pas dans ses rêves. Et ne contestez pas ses théories freudiennes absurdes si vous ne voulez pas finir au quartier sécurisé sous contention; de toute façon, avec les antipsychotiques qu'on vous a administrés à forte dose à l'entrée, la probabilité de votre rébellion est assez faible. Quand, éventuellement, vos traitements seront arrêtés et que leurs effets secondaires disparaîtront, Psy-Tout-Puissant se félicitera avec une fausse béatitude de "vous avoir sauvé de la schizophrénie qui vous menaçait".
Voilà pour l'écoute et l'humanité du psy. Pour ses connaissances, je sais par expérience qu'on trouve dans sa bibiothèque l'intégrale de Boris Cyrulnik et Christophe André (voire de Jacques Salomé) mais que la seule littérature médicale disponible est le même bouquin que celui qu'utilisent les externes pour leur préparation à l'internat. Autrement dit, un généraliste vous traitera aussi bien voire mieux qu'un psy pour la majorité des troubles, notamment anxieux (les anciennes "névroses" qui se traitent quasiment toutes par... antidépresseurs). Les théories comportementalistes peuvent parfois s'avérer utiles, dans les phobies (d'objet, sociale, agoraphobie...). Les troubles de la personnalité ne se traitent pas. Restent aux psychiatres les troubles de l'humeur (dépression, troubles bipolaires), les troubles du comportement infantile, les troubles du compartement alimentaire (anorexie-boulimie) et les psychoses, mais tout cela ne se traite certainement et surtout pas par psychanalyse....