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La vie, la vraie...
Enfin, de par mes fonctions professionnelles, j'ai eu l'occasion d'effectuer un voyage humanitaire au Vietnam qui, même s'il fut de durée limitée ( un peu plus de 3 semaines), m'a permis de comprendre ce que le mot "misère" veut réellement dire....
Jérôme Tisserand, interne en médecine, membre de Debout la République, sur son blog.
Avant tout je tiens à préciser, pour le connaître personnellement et l'avoir vu bosser, que ledit Jérôme est très loin d'être un pédant de la pire espèce; je pense en outre qu'il possède suffisamment de savoir-faire et de savoir-être pour devenir un très bon toubib. Mais bon, quand il avoue avoir compris la misère au cours d'un voyage au Vietnam, il a beaucoup de chance d'avoir été affecté dans un hôpital à deux heures de route de Nancy, parce qu'il y a des baffes qui se perdent.
Les urgences et les services de long-séjour de Nancy grouillent de petits vieux jusqu'à récemment oubliés de tous, y compris leur famille, vivant dans leurs ordures, dans les petits appartements lugubres des rues adjacentes à la rue St-Dizier (pour ne prendre qu'un exemple), sans eau courante et sans chauffage, bouffant de la pâtée pour chats... Je ne parle même pas des indigents ni de ces gens qui se tuent à l'alcool en raison du harcèlement d'un cadre ou d'un créancier, d'un mari violent, d'une solitude trop pesante ou d'une injustice persistante. C'est cette misère-là bien réelle qui me parle, la matérielle comme la morale, et pas les très lointains bidonvilles de Hanoï.
Soyons un peu vaches également: pour ce que votre serviteur a pu en savoir, ces stages à l'étranger (ou Outre-mer) sont surtout un bon prétexte pour prendre des vacances supplémentaires (ils durent un à deux mois au lieu de trois) et se dorer la pilule en étant payé par la DAM (des cacahuètes certes, mais quand-même) pendant que d'autres assurent le principe de réalité en Lorraine. Les destinations privilégiées (Guadeloupe, Réunion, Maroc, Thaïlande, Vietnam) sont à elles seules éloquentes, et outre quelques aventuriers authentiques, le profil des impétrants est celui de l'homme et surtout la femme modernes de classe aisée, bigots et grenouilles de bénitier de la religion libérale, prompts à pérorer sur la bonté naturelle et la misère des ersatz de peuples rencontrés dans les pièges à touristes, mais qui n'opposent aux pauvres de leur propre pays que l'argument d'un manque de mérite (la nouvelle vertu) ou une punition (divine?) pour leur manque d'ouverture d'esprit, et accusent de communisme quiconque leur demande ne serait-ce que la moindre empathie à leur égard.
Je ne crois pas Jérôme de cet acabit, mais je me demande ce qu'il a foutu pendant son externat pour garder tant de merde dans les yeux aussi longtemps.
jerometisserand.over-blog.com
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