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Le Blaireau-Garou
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9 septembre 2012

On pourra au moins dire que nous ne sommes pas si dangereux.

Piqué chez Zentropa, extrait d'un entretien entre Alain de Benoist et la revue "Réfléchir et Agir":

L’« extrême droite », dont je ne fais pas partie, est aujourd’hui ostracisée un peu partout, ce qui n’est certainement pas normal. Critiquer ceux qu’on ostracise me gêne, car ne suis pas de ceux qui hurlent avec les loups dans l’espoir d’être « acceptés » ou « reconnus ». De plus, je n’aime pas tirer sur les ambulances, quelle qu’en soit la couleur. Mais je ne me déroberai pas à votre question. Comme beaucoup de sous-cultures de marge, l’extrême droite compte en son sein à la fois le pire et le meilleur : des idéalistes intelligents, des militants dévoués et sentimentaux, mais aussi des psychorigides, sans oublier les « petites brutes » dont parlait Bernanos. Ses principaux défauts ? Le plus grave (et le plus constant) est sans doute de confondre l’appartenance et la vérité. Je citerais ensuite, pêle-mêle, sa tendance à confondre l’extrémisme et l’esprit révolutionnaire, son inaptitude à analyser la complexité des choses, sa fâcheuse propension à confondre la politique et la guerre civile (et à oublier que le but de la guerre est la paix), son goût des batailles perdues d’avance, son obsidionalisme, ses nostalgies, ses rancoeurs, sa tendance à recycler perpétuellement les mêmes articles consacrés aux mêmes auteurs, sa conviction qu’il y a toujours des « hommes en trop » qu’il vaudrait mieux faire disparaître, sa façon de s’en prendre aux hommes plutôt qu’aux idées, sa paresse intellectuelle, sa façon de fétichiser les référents « héroïques », son inattention marquée pour le social, sa tendance à n’interpréter le monde de demain qu’en fonction de ce qu’il était hier, sa manière d’instrumentaliser le peuple tout en condamnant la démocratie, qui est le seul régime lui permettant de participer à la vie publique. J’en passe. Ce pourrait être la matière d’un livre.

                                                            *****

Eh bien, en premier lieu, à l'aune de cette passionnante lecture, je vous annonce, amis lecteurs, qu'en fait nous sommes des gauchistes modernes bien de chez nous qui s'ignorent, et j'imagine déjà Martine Aubry sonnant à nos portes tout sourire (ou équivalent chez elle) tout en lâchant à chacun de nous: "Je suis ton père! Sois mon allié, et ensemble nous ferons un remake de "L'Empire Contre-Attaque"". Et nous, toujours nostalgiques, nous répondrions, avec l'accent de la marionnette de Cabrel: "Les Staa-rwars, c'était mieux aa-vant!".

Plus sérieusement, on pourrait dire qu'Alain de Benoist n'a pas trop de mérite à taper juste puisqu'il n'y a pas grand chose dans les défauts énoncés ci-dessus qui soit spécifique à l'extrême-droite. Il y a certes beaucoup de pose héroïque et d'identification nostalgique à de grandes figures maudites ou non (ou de grands poseurs) du passé, ce qui me semble tout de même un peu plus enrichissant pour la mémoire collective que la nostalgie des ex-téléspectateurs du Club Dorothée pour tout ce qui touche aux Chevaliers du Zodiaque et à Bernard Minet, qu'on retrouve bien plus fréquemment. On reconnaîtra cependant qu'il y a des nostalgiques de ces deux choses à la fois; tant pis, il paraît que les masos font des bons martyrs, ou alors c'est moi qui l'ai inventé.

Accuser l'extrême-droite de se foutre du "social", cela aurait bien fait rire le mentor Julius Evola (pour voir ce que le Monsieur en avait à faire de la "justice sociale", lire "Orientations"). C'est en outre négliger les scores du FN chez les ouvriers et "petites gens" autoproclamées (qui ont la même haine du "riche" que les mecs du FG, la nigrolâtrie en moins). De toute façon, qui veut "faire du social" en France? Les uns veulent dépouiller et mettre au travail forcé tout ce qui joint les deux bouts voire peut envisager un avenir potentiellement correct pour ses enfants, les autres couper les vivres à tout ce qui leur évoque une bouche inutile, et il y en a même qui seraient prêts à tuer tout le monde dans un accès de folie furieuse si on cessait de les rémunérer en récompense d'être vivants ici et maintenant. Mais au fond, "tout le monde" veut la même chose: avoir une baraque choucroutesque, une télé dernier cri, une cafetière neuve, des esclaves pour entretenir tout ça tant qu'à faire (soit le confort, et pour une liste exhaustive, allez voir chez Sébastien Musset si j'y suis). Et le fait de prendre à son prochain plus qu'on ne lui donne n'a jamais empêché grand monde de dormir (dixit Notre Stag, qui est au pieux), à part les rares bons coeurs et peut-être quelques néofranciscains qui se reconnaîtront.

Cela dit, à force d'attribuer spécifiquement à l'extrême-droite les défauts et maladresses de l'ensemble des Français de sang, de sol et de papier, on finira par conclure que tous les gugusses d'extrême-droite sont des cons (le débat est ouvert) et que tous les Français de sang, de sol et de papier sont des "fâchistes" comme disent les khâgneux (Taguieff, sors de ce corps!). 

J'espère juste que Monsieur de Benoist arrivera un jour à convaincre quelqu'un à gauche (en-dehors de ses quelques amis communistes) ou chez les Jeunes Pop' qu'il n'est pas un "naffreux d'esstrême droite", comme on dit à la fac de lettres. C'est que tout le monde ne fait pas autant dans le détail et la découpe de cheveux en quatre que les lecteurs réguliers d' "Eléments".

 

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Commentaires
L
Benoist est un type énervant, très très cultivé, mais en dehors d'une ou deux fulgurances (tel l'admirable "le fn doit faire la politique de ses électeurs et non de ses militants -ou de ses cadres, je me souviens plus), il se déverse de sa bouche un continuel robinet d'eau tiède. Ses pathétiques efforts pour se faire accepter comme un intellectuel de gôche sont ridicules.<br /> <br /> <br /> <br /> PS : merci de m'avoir linké. je vous signale que depuis ce jour, le blog Lingane a mis en une ses 3 textes fondateurs du parti social-royaliste, bien en évidence en haut à gauche du site)
P
De Benoist est un penseur intéressant mais pas toujours cohérent, certains de ces textes sont admirables et puis il s'en va prôner le paganisme pour tous, saborder les copains qui ont quelques idées différentes, renier ce qu'il avait dit quelques temps avant. Curieux esprit, courageux et velléitaire, brillant et confus, pratique et irréaliste. Il ne sera jamais le maître étalon d'une pensée de droite.
Le Blaireau-Garou
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