Y disait quoi déjà, le Jean-Jacques?
http://max-la-terreur.blogspot.com/2009/06/ne-du-bon-cote-de-lhypocrisie.html#comments
Le mien billet développe un simple commentaire que j'ai failli ajouter (...) mais qui ne faisait que répéter intervenants précédents. Je le publie ici pour ne plus avoir à le faire chez un autre.
Je connaissais Stéphanie depuis deux ans quand le non-évènement se produisit. Nous venions tous les deux du même bahut, les seuls dudit bahut à avoir franchi le concours de première année. Cette jolie terreur blonde me fut bien vite sympathique en dépit de son piercing sus-mentonnier et de sa cool-attitude qui aurait dû m'alerter dès le début; faut dire que l'individu que j'étais à l'époque est mort, et franchement je ne le regrette pas: vautré sur ses lauriers fraîchement acquis, le Fan d'alors aurait fait un bon militant UMP standard croyant au pouvoir absolu du sacro-saint mérite, mais encore bien tolérant vis-à-vis de la vulgarité de ses relations; le genre de trouduc que ceux qui n'ont pas peur de Facebook retrouveraient dans des groupes aussi creux que "Patriotes contre le racisme" (traduction "On ne s'acharne que sur les petits fonctionnaires et les pauvres"), ou s'imaginant réactionnaires authentiques parce que "Moi, je ne regarde pas Groland!", comme me disait indigné encore récemment un camarade bon chrétien, bon patriote et bon sarkozyste.
Mais revenons à notre mouton (enfin moi, je dirais carrément un ficus): Bien vite des désaccords apparurent entre nous deux: elle -ouverte d'esprit- protestait à mes railleries vis-à-vis de ce professeur de santé publique (grand admirateur de Bourdieu) qui disait en mars 2002 que le cannabis, c'est pô dangereux, et en 2003, l'exact opposé. Mais quoi, c'est bien un petit joint de temps en temps... Oui d'accord Steph. Le dernier avertissement "sécuritaire" que je lui donnai fut : "Je ne démarre pas tant que tu n'auras pas mis ta ceinture.", à quoi elle me répondit "P'tain mais quel mauvais caractère!" et commença à me considérer comme individu dangereux (si, si). Le seul résultat fut que je ne réagis même pas lorsque la belle, que je fréquentais encore, arriva un matin dans l'amphi rempli, la bouche en coeur, faisant profiter toute la compagnie de son aventure sexuelle de la veille qu'elle avait eue bourrée, dès le premier soir et sans capote avec le plus parfait crasseux lui ayant fait miroiter la lune (crasseux avec lequel elle envisage toujours de faire sa vie six ans après les faits, comme quoi, par delà les déterminismes raciaux et sociaux, les petites natures s'assemblent aisément entre elles). Malgré mon silencieux désaccord quant à l'interprétation qu'elle faisait de sa propre devise "La vie c'est fait pour en profiter!" (elle aurait dû faire publicitaire), je ne déduisis pas pour autant à l'époque toutes les conclusions qui s'imposaient. Mademoiselle révéla sa nature de bobo mièvre et hypocrite de façon si profonde durant les années suivantes, que je pense encore à elle à chaque fois qu'un haut-parleur crache la chanson la plus connue des joyeux crétins de Sinsemilia.
Les traits du principal protagoniste brossés, j'en viens au contenu du commentaire qui aurait pu figurer chez Max: nous étions en train de confectionner une botte plâtrée aux urgences quand la radio annonça les infos; Mademoiselle chantonnait. Le speaker annonça pêle-mêle des restructurations d'entreprises, des délocalisations intercontinentales, des milliers de salariés déjà ou prochainement sur le carreau (...) Mademoiselle continua à chantonner -ça fait très professionnel et consciencieux de chantonner comme une conne devant un patient pendant que tu le fais souffrir- jusqu'au moment où fut annoncée l'expulsion d'UNE clando africaine (tu acquiesceras, ô lecteur, que l'importance de cette information est capitale). La princesse s'interrompit dans le lissage du plâtre -qui allait refroidir, laissa tomber les bras ballants, et poussa le petit cri suivant: "Han mais c'est pas vrai!?" avec une acuité toute murine et une intensité d'environ 95 dB.
En épilogue, j'ajouterai que Stéphanie fut l'une des premières personnes à me mettre la tête sous l'eau puis à se détourner de moi lorsque je rencontrai fin 2007 de graves problèmes de santé qui faillirent me laisser sur le carreau. Les soutiens que je lui avais témoignés dans ses propres périodes de détresse étaient moins forts que l'anormalité de l'état mental dans lequel je ne me serais du reste pas retrouvé si les psys du CHS meusien avaient lu un peu moins Freud et un peu plus le KB Psychiatrie & Pédopsychiatrie que tout interne de médecine générale se doit de connaître par coeur.
Quant à la question-titre, sa réponse se trouve chez Beboper, colonne de droite.