Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blaireau-Garou
Le Blaireau-Garou
Archives
Derniers commentaires
5 avril 2009

Ulcère, agonie et jugement dernier

Il a fallu qu'il passe presque inaperçu, ce grand écrivain ignoré de quasiment tous, à part peut-être ceux qui osent se souvenir qu'ils ont lu jadis ses contes pour enfants. Et il nous fut ravi par un ulcère gastrique, lui dont presque toutes les lignes perspirent la joie, l'émerveillement, le gai savoir. Dire qu'il existe moultes écrivains célèbres et pistonnés à peine bons à propager leurs aigreurs d'estomac à leur lectorat (Helicobacter pylori se transmet fort bien par les livres...) mais qui eux n'auront jamais la bonne initiative d'en crever.


Le vieil homme se savait condamné depuis plusieurs jours, et n'avait accepté l'intervention que poussé par des médecins trop consciencieux -ou trop cons (ça existe aussi). Pas très chaud et pessimiste à raison quant à son utilité, comme l'opérateur du reste, qui bien que spécialiste en son domaine n'avait pas un grade suffisant pour contredire lesdits médecins trop consciencieux et/ou trop cons. Ce qui devait arriver arriva. Deux râles et il était parti. Tout s'enchaîna vite. Oubliant son état grabataire, on massa le coeur, retira ses lunettes et insuffla pendant que les collègues prévenaient la réa. Le seul résultat fut qu'on le fit revenir cinq minutes à la conscience, juste le temps qu'il comprenne et murmure sa peur, et sans qu'une de nos mains ne soit disponible pour prendre la sienne. D'un seul coup, ses bras retombèrent, poignets fléchis, phalanges ballantes. "Mort sur table".

Un spectacle stupéfiant dont vous êtes l'acteur. La première mort sous vos yeux d'un quasi-inconnu est moins impressionnante qu'un premier cadavre froid et cireux; ramener les lunettes qu'il portait quelques minutes auparavant dans une enveloppe de kraft procure des sensations plus fortes.


La gloire n'est rien. La réputation la mieux incrustée ne résiste pas face à la réalité de l'âme qui se manifeste dans nos actes. Que la vie est mortifère pour qui ne vit que pour honneurs et récompenses, ou comme souvent de nos jours pour se voir renouveler un certificat de bonne conduite. Tous meurent, combien vivent? pour imiter Pauwels. Laissons l'accusation nous blâmer de tous les maux, la défense faire notre apologie. Au grand jugement de l'âme, nous sommes à la fois accusé, juge et exécuteur. La boucle ne vous semble-t-elle point bouclée?

Publicité
Commentaires
U
Je crois me souvenir que le texte que tu cites est intégralement disponible sur la Toile: "Moïse, Marx, Jesus et les autres..."
I
"La saine, réconfortante et salubre pensée du néant qui nous attend tous"<br /> Pierre Gripari
Le Blaireau-Garou
Publicité
Publicité