"Passionnantes" lectures

Philippe Lellouche, J'en ai marre d'être juif, j'ai envie d'arrêter

La mauvaise nouvelle étant que le prix de l'étron dépasse les 10 Euros, la bonne est qu'on le lit très vite, la pensée de "l'humoriste" s'avérant tellement plate que chaque chapitre comporte dix à vingt lignes improvisées pour une dizaine de blagues "juives" plus longues -et même pas de son crû- dont on se lasse bien vite au point de les laisser de côté. Bref résumé: monsieur en a marre d'être juif et veut arrêter pour être comme les autres (mais plus, comme ce fameux cadre sup' grolandais...); partant de là, l'individu juif est censé être condamné à devoir réussir et à être plus intelligent que les autres pour répondre à la fois aux attentes des tenants de l'excellence juive et à celles des antisémites (vous suivez?), le mot "goy" signifie tout simplement "gentil" -parce que nous aussi on est des gentils et on n'aime pas les méchants, les Ashkénazes sont tous des clodos et les Séfarades sont tous des bling-bling (l'animateur avoue cependant à demi-mots être Séfarade et ne jamais trop mettre les pieds en-dehors du Sentier, ça explique sans doute le degré de subtilité...).

Passons sur sa définition de la mère juive sinon tout le lectorat de ce blog va se poser des questions sur son éventuelle élection divine; Mr Lellouche rappelle d'ailleurs qu'il ne fait pas partie d'un peuple élu mais simplement choisi par Dieu pour transmettre son message, n'étant plus, selon cette définition, promis à la domination mondiale sur une humanité hostile mais à la reconnaissance éternelle de tous les peuples du Livre pour avoir capté les premiers les ondes de l'Au-delà. Il y a stricto sensu du délire dans ce genre d'assertion, mais qui sent plus le bourrage de crâne subi depuis la plus tendre enfance que la pathologie psychiatrique.

Mais le brave homme nous a gardé le plus drôle pour la fin. En effet, il n'a rien contre le fait qu'on puisse rire de tout et avec tout le monde, le rire étant l'arme absolue contre l'horreur. La preuve, pour appuyer le ridicule pleurnichard de certains de ses personnages, l'auteur nous gratifie d'une référence au génocide par blague dans certains chapitres. Il va même jusqu'à relater les misères que lui ont fait voir des critiques coreligionaires après qu'il ait affirmé dans un show que le voyage en train était une tradition communautaire (gag qui, au passage, évoque une pâle copie de Semoun dans le rôle du directeur de crematorium affirmant que ses fours allemands ont fait leur preuve...). En revanche, l'humour juif ne doit être pratiqué que par des Juifs ou à la rigueur par leurs amis, sinon il devient facilement antisémite... à l'image de cette honteuse blague antisémite à propos d'un monsieur qui meurt dans un camp de concentration en tombant du mirador. Vous avez compris, pour l'humour juif, si vous n'en faites pas partie, demandez à François Léotard de vous raconter une blague...

Mais allons, point d'inquiétude, Lellouche n'est pas si paranoïaque qu'il veut bien nous le faire croire. N'est-ce pas lui qui, après avoir pointé du doigt les antisémites amateurs de grosses blagues vaseuses à l'accent yiddish caricatural (les siennes) dans le présent ouvrage, a récemment proposé de payer un café à Alain Soral parce que ce dernier n'est pas méchant? Normal, c'est un gentil, enfin on se comprend.....